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ledépotoird'unemeredefamille

19 octobre 2013

Quand il m'a saisi la première fois, par le cou,

Quand il m'a saisi la première fois, par le cou, pour m'attirer à lui, c'étati dehors, un jour où nous finissions à la même heure. Nous marchions droit devant nous, vers nos voitures, il faisait beau, mais froid. On parlait d'un élève que nous avions en commun, mais ça aurait pu être autre chose, il faisait beau, on n'avait pas envie de se séparer. Je marchais un mètre devant lui, je pressais le pas, mon coeur battait légérement, j'étais très joyeuse et pourtant je baissais la tête, comme si j'avais honte de cette grande joie qui me donnait envie d'étreindre les arbres. C'est alors que je l'ai sentie, cette poigne solide, ferme, autour de mon cou, ses doigts, et surtout cette assurance, cette fermeté : je te choisis, je te prends. 

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19 octobre 2013

Il m'a frôlé la main en me tendant un gobelet de

Il m'a frôlé la main en me tendant un gobelet de café. J'ai à peine osé le regarder, j'ai cru à une maladresse. Ses yeux sont verts, il n'est pas coiffé, l'air toujours un peu de sortir du lit, parfois mal rasé. Il est grand mais ne semble pas s'en rendre compte. Il est désinvolte, négligé, mais je le soupçonne de coquetterie dans cette indifférence pour les apparences. Il a deux enfants, parlait souvent de sa femme, qu'il aime. 

 

17 septembre 2013

Mon mari ignore tout de ce blog

Mon mari ignore tout de ce blog. C'est comme si j'avais un amant. Sauf que mon amant également ignore que j'ai un blog. 

Récapitulons : je suis l'épouse d'un homme qui m'a fait deux beaux enfants. Nous sommes ensemble depuis onze ans. 

J'ai également un amant - un amant de passage, un amant tout récent - presque aussi neuf que ce blog d'ailleurs. 

Le professeur d'EPS. Grand, carré, nez cassé, petits yeux verts. Deux enfants, comme moi. Un peu plus âgé. Il y a quelques jours, dans la salle des profs, lui et moi... 

17 septembre 2013

c'est trop rigolo d'écrire des conneries sur un écran

C'est trop rigolo d'écrire des conneries sur un écran. C'est comme si ça m'autorisait à écrire des cochonneries, des gros mots, des trucs crasses. Il y a dans l'ordinateur une bassesse qu'il n'y a pas dans l'écriture manuscrite, à mes yeux forcément noble, bonne, élégante, propre. Internet, c'est le truc des dégueulasses, des cons aussi un peu quand même - des copier coller, des wikipédia et autres conneries. Donc, c'est cool pour moi Internet parce que ça me change de la littérature. 

Et puis y a quand même quelque chose de chicos dans le fait d'écrire son dégueulis sur un ordi. J'ai l'impression d'être Carrie Bradshaw dans Sex and the City. Putain, je crois que je me matais cette série uniquement pour la scène finale : l'actrice blonde en train de fumer une vogue et d'écrire, avec vue sur new york, dans son splendide appartement manhattanais, ses réflexions débiles (faut l'avouer). 

Y a clairement une attitude de l'écrivain sur l'ordi qui est pas mal, qui est glamour : j'adore peut-être écrire juste pour ça, le chic de deux mains sur le clavier, ça a presque autant de gueule que Glenn Gould en train de faire le zouave à son piano. 

17 septembre 2013

Une fille comme moi qui blogue ? Le déclin de la France.

Comment dire ? Je viens d'un milieu bourgeois, mais élevé avec des principes. J'ai fait des études relativement poussées. Je fais partie des gens qui trouvent, et l'assument totalement, que : 

- la cassette vidéo c'était très bien, moins cassable et plus esthétique que le DVD (soi-disant plein d'avantages : lesquels ??) 

- le i-pod et les écouteurs sur les oreilles c'est juste n'importe quoi ces gens qui sont dans leur bulle 

- les ordinateurs, c'est juste l'enfer, et internet, c'est juste la décadence totale : on va devenir bête avec ces machines à penser à notre place 

Contre la société d'écrans à tout va. 

Et pourtant, donc, une fille comme moi, qui pense tout ça, vient d'ouvrir un blog (en même temps, je pense que je vais bientôt le fermer - trois heures après sa création - parce que, quand même, il ne faudrait pas que ma vie sociale soit flinguée à cause de conneries écrites sur un écran que je n'estime même pas) un blog ! C'est clairement le déclin de la France. Je suis censée faire partie de ces gens qui n'ont pas de smartphone, qui lisent dans le métro, qui appellent leur meilleure amie sur le téléphone fixe, qui achètent des CD d'opéra et va dans des concerts punk - donc un esprit ouvert, éclairé, mais pas con, pas haute technologie, pas matérialiste excessivement, pas pour une société flippante de gens hypnotisés par les écrans de toutes sortes - et pourtant, donc, moi, je crée un blog. 

Si même moi, alors on est foutu. Le blog d'une fille comme moi, ou le déclin de la France. 

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17 septembre 2013

grossesses sexuelles

J'en ai passé des après-midis à échanger mon vibro contre mon ordi (ce que d'ailleurs je viens juste de faire - évidemment, faut bien que j'ai un clavier pour écrire ce que je suis en train d'écrire) : bruit du moteur sur mon sexe contre bruit des touches sur le clavier - deux genres de doigtés, deux pianos forte dont le son s'enrichit de celui qui a précédé. 

Ca a commencé l'été, j'étais enceinte de mon aînée. De longues après-midis dans la chambre du rez-de-chaussée, les volets à demi clos, la moiteur polluée sur la peau, l'odeur poissonneuse qui monte, le ventre ferme, pas embêtant, qui n'avait pas l'air de s'embêter lui non plus au cours de ces séances quotidiennes. 

Ca s'est arrêté, ça a beaucoup repris lorsque j'étais enceinte de ma cadette. Forcément, pendant le congé maternité, on s'ennuie ferme par moments. On s'occupe comme on peut. 

Finalement, si on réfléchit, c'est un peu comme si j'avais fait l'amour à ma fille - seul corps autre que le mien présent à mes ébats. Ou que j'avais placé ma fille dans une position de voyeuse. Et que j'étais l'exhibo de service (ce que je suis, sinon je n'en serais pas à écrire sur ce bête blog des choses pas intéressantes sinon pour moi). 

Ce qui fait de moi une mère tarée - j'aimerais bien trouver une comparaison avec un personnage mythologique (tous des tarés) mais je n'en trouve pas - il y a bien Médée qui bouffe ses enfants, mais celle qui fait l'amour avec ses enfants ? Ah oui j'allais oublier Jocaste, la mère d'Oedipe : oui, mais c'est lui qui veut la baiser, pas le contraire. Et puis au moins, ça a la décence d'être un acte hétérosexuel. Moi en plus d'être un inceste, c'est en plus un inceste homosexuel. Putain, chuis dans la mouise. 

Enfin, ça montre bien que tout ça c'est des conneries : quand je me masturbais alors que j'étais enceinte, je n'avais fichtrement aucun désir pour rien ni personne. C'était physique, mais désincarné - paradoxal. C'est en quoi la masturbation est une monstruosité : on fait l'amour avec personne justement, faire l'amour avec rien, rien du tout. 

 

 

17 septembre 2013

Le problème de cette méthode d'écriture

Alors, si je voulais la commercialiser par exemple, il y aurait tout de même un hic. Le problème de cette méthode d'écriture (voir plus bas la méthode en question), c'est qu'elle est droguée, et donc addict, et par conséquent dépendante d'une série de paramètres - qui se résument à : 

- être chez soi 

- seule (donc ne pas travailler, ou ne pas avoir d'enfants, ou avoir un temps partiel - trois choses très compliquées à avoir quand tu es trentenaire)

- dans un lit 

- à demi à poil (ne pas être frileuse)

- avoir des piles 

- un ordi à ses côtés (et donc un portable - ce qui n'est pas donné à tout le monde non plus)

- savoir jouir (faire partie de cette catégorie de femmes qui sait jouir - donc pas frigide - en même temps un peu quand même puisqu'a besoin du petit moteur pour le faire - donc entre les deux, une catégorie bâtarde en fait) 

Donc, pas si évident. 

Et puis l'inconvénient, c'est que c'est crevant : double activité, physique et cérébrale, quasi simultanée = grosse fatigue.

 

17 septembre 2013

En écrivant, en se masturbant

J'adore écrire en me masturbant. C'est comme si la jouissance me faisait ouvrir d'autres vannes que celles des cuisses. Je trône dans mon lit fatigué : les draps sont froissés, mes collants rabaissés sur mes chevilles, ma culotte au niveau des genoux, tout habillée du haut - je n'ai même pas la pris la peine d'enlever mes bottines en cuir. Mon ordinateur allumé est à mes côtés comme un bon chien fidèle, un peu voyeur sans doute. Le moteur vrombit, je jouis et aussitôt je prends le clavier sur mes genoux dénudés et j'écris. C'est comme ça : j'ai une soif d'écrire qui me vient aussitôt après, comme les autres une cigarette ou une fringale. Moi, j'ai la fringale d'écrire. J'ai le corps encore tout chaud, un peu frissonnant, mais ça ne m'empêche pas d'avoir les idées sacrèment claires, idéalement lucides : je veux écrire aussi bien que je sais jouir. C'est une compét qui me fait piaffer d'impatience : je veux créer quelque chose qui soit aussi fort que ça. 

Jouir + Ecrire - le but étant que cela égale = jouir de son écriture = écrire un truc jouissif, super, idéal = être Flaubert après avoir été une grosse cochonne. 

Le top.  

17 septembre 2013

Sur fond de Scarlatti, le moteur vrombit

Je mets Scarlati, un vieux CD graisseux, sur fond duquel j'ai fait du petit latin, gratté des dissert, coupé des ongles, rêvassé sur pas grand chose... Je le mets donc, je m'allonge, je dénude le bas du corps, j'écarte les jambes, je pose le machin et sur la voix des choristes je m'extasie, je sombre, je frissonne, je me détends. Stabat mater.Le moteur vrombit de nouveau. Les sages secousses reprennent, douces, à peine perceptibles, grimpant d'une marche à chaque fois, jusqu'au sommet, et pouf, trop vite, c'est fini. Silence - (peut-on parler de bruit de fond en parlant de Scarlati ?). Que c'est beau Scarlati ! Que j'aime la vie ! subitement, je balaie la misère de ma fille, la misère de sa mère, je ne suis plus maudite, je suis un ange béni des dieux : je suis la Stabat Mater. 

 

17 septembre 2013

Rentrée de ma fille, entrée d'un blog

Depuis deux semaines, ma fille de presque trois ans a pris le chemin de l'école. Trente élèves pour un adulte. Soixante petits bras implorant larmes aux yeux l'étreinte d'un grand, la chaleur d'une femme, la poitrine d'une mère. La semaine dernière, j'ai réussi à me libérer pour la chercher plus tôt. Je l'ai vue : dans la cour, isolée, le visage tout plié dans une grimace de douleur, gémissant après sa mère. Je sais bien qu'il y a pire : elle pourrait avoir une tumeur au cerveau (comme dans le film), être handicapée moteur, se faire renverser par un bus, s'avérer partiellement sourde (c'est arrivé au fils d'un collègue), s'avèrer autiste (comme une petite fille de sa classe), avoir un pied bot (comme dans Madame Bovary), enfin oui, tout est possible, et surtout le pire. En comparaison, elle vit une situation proche de l'Eden. Et pourtant, j'ai cru brûler du feu des Enfers la semaine dernière : la voir dans cet état, hurlant le matin, prise d'une euphorie inquiétante le soir lorsque je la retrouvais - des cauchemars délirants le soir, le regard sombre d'une condamnée au bagne le matin, des crises le soir, les plaintes du matin, les supplications du soir (maman, veux pas aller à l'école), les supplications du matin (maman, s'il te plaît, veux rester avec toi)... Quant à moi : la culpabilité, l'épuisement face à ces crises (une fessée ce week end), la culpabilité de nouveau, la haine par instants : "Mais qu'est-ce que cette vie là ?" "Et le pire, c'est qu'on l'a choisie ! " - le matin, dans le bus, sur le chemin du collège où je travaille, le visage tourné vers la vitre montrant le paysage réjouissant d'une banlieue autoroutière où trois arbres asthmatiques smokent le carbone de trois mille voitures, je prie en silence, je renifle en pleurant, et je me souviens :

Moi, enfant, mon père, l'école primaire, la rentrée, je hurle, je m'agrippe à ses bras, je voudrais mourir.

 

 

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