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ledépotoird'unemeredefamille
17 septembre 2013

Rentrée de ma fille, entrée d'un blog

Depuis deux semaines, ma fille de presque trois ans a pris le chemin de l'école. Trente élèves pour un adulte. Soixante petits bras implorant larmes aux yeux l'étreinte d'un grand, la chaleur d'une femme, la poitrine d'une mère. La semaine dernière, j'ai réussi à me libérer pour la chercher plus tôt. Je l'ai vue : dans la cour, isolée, le visage tout plié dans une grimace de douleur, gémissant après sa mère. Je sais bien qu'il y a pire : elle pourrait avoir une tumeur au cerveau (comme dans le film), être handicapée moteur, se faire renverser par un bus, s'avérer partiellement sourde (c'est arrivé au fils d'un collègue), s'avèrer autiste (comme une petite fille de sa classe), avoir un pied bot (comme dans Madame Bovary), enfin oui, tout est possible, et surtout le pire. En comparaison, elle vit une situation proche de l'Eden. Et pourtant, j'ai cru brûler du feu des Enfers la semaine dernière : la voir dans cet état, hurlant le matin, prise d'une euphorie inquiétante le soir lorsque je la retrouvais - des cauchemars délirants le soir, le regard sombre d'une condamnée au bagne le matin, des crises le soir, les plaintes du matin, les supplications du soir (maman, veux pas aller à l'école), les supplications du matin (maman, s'il te plaît, veux rester avec toi)... Quant à moi : la culpabilité, l'épuisement face à ces crises (une fessée ce week end), la culpabilité de nouveau, la haine par instants : "Mais qu'est-ce que cette vie là ?" "Et le pire, c'est qu'on l'a choisie ! " - le matin, dans le bus, sur le chemin du collège où je travaille, le visage tourné vers la vitre montrant le paysage réjouissant d'une banlieue autoroutière où trois arbres asthmatiques smokent le carbone de trois mille voitures, je prie en silence, je renifle en pleurant, et je me souviens :

Moi, enfant, mon père, l'école primaire, la rentrée, je hurle, je m'agrippe à ses bras, je voudrais mourir.

 

 

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